Le bois mort en érablière


 

Le bois mort, qu’il soit sur pied (chicot) ou au sol (débris ligneux), a une grande valeur écologique et est indispensable à l’équilibre des écosystèmes forestiers. Bien qu’il ait souvent été retiré par l’être humain, on devrait le retrouver naturellement dans les érablières du Québec.

 

 

Pourquoi le bois mort est-il si important?

Il est un habitat pour la faune


Le bois mort est un milieu de vie pour un grand nombre d’organismes. Il permet à la faune de s’alimenter, de se reproduire et de se reposer. Au Québec, il y aurait plus de 94 espèces d’oiseaux, de mammifères, de reptiles et d’amphibiens qui utilisent le bois mort. Parmi celles-ci, certaines possèdent un statut précaire. Les rapaces diurnes et nocturnes sont de bons exemples d’utilisateurs. Le bois mort leur sert de perchoir pour localiser leurs proies et certains nichent dans les cavités creusées par les pics. Les insectes, les araignées, les escargots et d’autres espèces d’invertébrés sont aussi d’importants utilisateurs du bois mort, surtout des débris ligneux. Cette faune diversifiée joue un rôle important dans le fonctionnement naturel de nos érablières.

 

Chaque espèce faunique choisit le type de bois mort qu’elle va utiliser selon ses besoins. Par exemple, le bois sélectionné pour la reproduction peut être différent de celui utilisé pour satisfaire les besoins alimentaires. L’espèce d’arbre, sa taille, ses caractéristiques, comme la présence de cavités, ainsi que son niveau de décomposition sont des facteurs qui peuvent influencer les espèces utilisant le bois mort. Il est donc important de maintenir une bonne diversité de bois mort pour combler les besoins de nombreuses espèces fauniques. L’absence de certains types de bois mort peut limiter la présence d’une espèce animale dans le secteur.

 


Les chicots de grandes tailles peuvent être utilisés par différentes espèces, et ce, à différentes hauteurs.

Les troncs de grand diamètre permettent à plusieurs individus de les utiliser, mais aussi aux animaux de plus grande taille de faire de même.


 

Il améliore le sol


Le bois mort au sol fournit de la matière organique et des éléments nutritifs qui contribuent au maintien de la fertilité du sol. En effet, le bois mort est impliqué dans de nombreux processus biogéochimiques. Il participe au cycle du carbone en permettant son enrichissement dans les différentes couches de sol. De plus, le bois mort au sol est impliqué dans le cyclage des éléments nutritifs et est un substrat qui permet la fixation de l’azote.

Finalement, le bois mort en état avancé de décomposition a la capacité d’emmagasiner de grandes quantités d’eau.

 

Il aide à régénérer les forêts


Les débris ligneux en état de décomposition avancée jouent un rôle important dans la régénération de la forêt, puisqu’ils vont servir de lit de germination pour certaines espèces végétales, tels les semis de bouleau jaune. Les conditions de croissance des plantes qui s’installent sur les débris ligneux sont plus stables que celles de l’humus ou du sol minéral, autant au niveau de la température que de l’humidité. On retrouvera aussi plusieurs espèces d’herbacées, de mousses, de lichens et de champignons en association avec ces débris.

 

Le cycle du bois mort sur pied

 

 

INTÉGRER LE BOIS MORT DANS L’ AMÉNAGEMENT D’UNE ÉRABLIÈRE

Typiquement, l’érablière aménagée contient moins de bois mort que l’érablière naturelle, car ce bois est utilisé comme combustible ou encore, il est retiré dans l’optique d’augmenter la sécurité en forêt ou de prévenir la propagation de certains pathogènes. Pour favoriser l’équilibre de l’écosystème, il est toutefois important de mettre en place une stratégie de conservation du bois mort dans l’érablière sous aménagement. 

 

Que faut-il conserver?

Selon les spécialistes, les recommandations sur les quantités de bois mort sur pied et au sol à maintenir sont très variables. Il est donc recommandé d’aborder la question avec l’ingénieur forestier responsable de l’aménagement de votre érablière. Voici néanmoins quelques suggestions : 

  • Conserver 15 chicots à l’hectare de plus de 20 cm de diamètre, dont au moins cinq de plus de 35 cm de diamètre;

  • Conserver un minimum de 10 tiges mortes au sol par hectare de plus de 20 cm de diamètre;

  • Conserver du bois mort présentant une diversité de caractéristiques : essence forestière, stade de décomposition, taille et présence de cavité

  • Veiller à ce que la disposition du bois mort conservé permette une certaine connectivité spatiale dans le paysage de l’érablière, car plusieurs espèces fauniques utilisant le bois mort ont des capacités de dispersion limitées;

  • Penser au recrutement du bois mort et à conserver des arbres qui pourront en générer à court ou à moyen terme; les arbres vivants ayant des cavités ou des défauts importants sont de bons candidats, car ils ont une grande valeur faunique, mais une faible valeur économique.

 

 

Pourquoi une faune diversifiée est-elle un avantage?

La présence de nombreuses espèces d’oiseaux et de chauves-souris contribue à diminuer les risques de dommages causés par les insectes ravageurs, puisqu’ils s’en nourrissent. La présence d’oiseaux de proie contribue à diminuer les populations d’écureuils et de tamias qui peuvent s’en prendre à la tubulure et lui causer des dommages. Les pékans, qui utilisent eux aussi le bois mort lors de leur reproduction, contribuent également à contrôler les rongeurs.

 

Un enjeu de sécurité

En érablière, la présence de bâtiments et d’équipements pouvant subir des bris lors de la chute de bois mort sur pied peut rendre difficile, à première vue, la conservation des chicots. De plus, le propriétaire doit pouvoir circuler de façon sécuritaire dans sa forêt. Il est possible d’établir un périmètre de sécurité sans chicots autour des bâtiments, des maîtres lignes et des chemins les plus fréquentés. Si des chicots doivent être abattus, la coupe devrait avoir lieu entre octobre et février, pour éviter la période de reproduction des espèces utilisant le bois mort. Autour des chicots ayant la plus grande valeur faunique, il serait possible d’établir un rayon sans activité. On pourrait alternativement concentrer les chicots en bosquets dans certains secteurs moins fréquentés du peuplement.

Une dernière possibilité pour conserver le bois mort sur pied de façon plus sécuritaire est de réduire la hauteur des chicots en les étêtant. Il est aussi possible d’étêter les arbres qui ont été sélectionnés pour le recrutement du bois mort. Cela permet de récolter une portion du volume de bois vivant, tout en assurant le renouvellement du bois mort.

 

UNE ALTERNATIVE AU BOIS MORT

Si vous avez peu de bois mort dans votre boisé, sachez qu’il est possible d’augmenter le nombre de cavités disponibles à court terme pour profiter des bienfaits de la faune. Une option est d’installer des nichoirs qui pourront être utilisés par certaines espèces de mammifères ou d’oiseaux. Cependant, il faut rester conscient que les nichoirs ne peuvent pas remplir tous les rôles écologiques du bois mort. 

 

 

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